Dassault Aviation maintient son avion de combat au plus haut niveau.
Photo de couverture : avion d’essais en vol, le Rafale C101 emporte ici un missile de croisière SCALP, ainsi que 8 missiles air-air © Dassault Aviation – Anthony Pecchi.
Record d’affluence pour le salon aéronautique du Bourget 2023
Pour sa 54e édition, le salon du Bourget affiche une fréquentation de quelques 400000 entrées, dont 210000 visiteurs professionnels et 170000 particuliers et passionnés.
Le Bourget, c’est également 2500 exposants de 46 pays, dont pas moins de 300 start-up ! Rendez-vous incontournable des professionnels de l’aéronautique, le salon comptabilise cette année plus de 150 milliards de dollars de contrats signés.
A cette occasion, Dassault Aviation, l’Armée de l’Air, la Marine nationale et la DGA présentaient au public la toute dernière évolution du Rafale : le standard F4.
4 ans de développements pour aboutir au standard F4
La signature du programme standard F4 remonte à janvier 2019. L’Armée de l’Air et la Marine Nationale prévoient de mettre à jour toute la flotte Rafale française. Néanmoins, si l’intégralité des Rafale F3-R, pourra évoluer au standard F4.1, seuls les appareils neufs bénéficieront du standard F4.2. En effet, à ce jour, le budget prévisionnel du ministère des armées français, ne prévoit pas le rétrofit “hardware” qui est nécessaire au F4.2.
Début mars 2023, le CEAM réceptionne ses 2 premiers Rafale F4.1 alors que la DGA prononce sa qualification le 13 mars. La transformation logicielle des appareils existants s’effectue à Istres sur la base d’appareils au standard F3-R.
Le F4 dispose des premières briques visant à optimiser le combat collaboratif dont le SCAF bénéficiera. Parmi les innovations, un système de localisation 3D permet aux pilotes d’une même patrouille de déterminer passivement la position d’une cible, et de la partager à d’autres acteurs de la mission. Les Rafale exploitent alors essentiellement 3 capteurs : la liaison 16, SPECTRA et l’Optronique Secteur Frontal. “Voir sans être vu”, telle était l’ambition du programme “Tragedac” dont les débuts remontent à 2013.
Une Revue d’Aptitude à l’Utilisation (RAU) en avril 2021
Le premier vol d’un appareil d’essais au Standard F4 se déroule en septembre 2020. La DGA (Direction Générale de l’Armement) mène du 26 au 29 avril 2021 les premiers tests du Rafale dans sa configuration F4.1. La campagne se compose de huit missions complexes et cinquante sorties d’avions de combat.
La vidéo ci-dessous relate la Revue d’Aptitude à l’Utilisation (RAU) visant à éprouver les nouvelles capacités de communication du Rafale. A l’occasion de cette évaluation, 2 Rafale F4.1 s’insèrent dans un dispositif de grande ampleur. Les pilotes mettent en œuvre des viseurs de casques, ainsi que les nouvelles fonctionnalités de combat collaboratif, notamment la localisation d’autres aéronefs par des moyens passifs.
Les expérimentations du standard F4 débutent fin 2022. Les versions 4.1 et 4.2 échelonnent diverses implémentations à venir.
Le Rafale F4 entre dans l’ère du combat collaboratif
Le standard 4.1 accueille bon nombre de nouveautés et ouvre la voie du combat collaboratif, dont le F-35 américain revendiquait jusqu’à présent l’exclusivité. Parmi les évolutions, il faut retenir :
- L’optimisations du radar RBE2 AESA : Ground Moving Target Indicator (GMTI) pour la détection et poursuite 3D des cibles mobiles au sol, cartographie ultra haute résolution (mode SAR) et entrelaçage des modes renforcés.
- Une Liaison Avion Missile (LAM) par un tiers : la LAM s’utilise généralement pour les engagements air-air à longue distance. Elle permet au missile de recevoir régulièrement des informations concernant sa cible, jusqu’à accrochage de son propre autodirecteur. La nouveauté consiste ici à permettre à un équipier en retrait de désigner les objectifs, libérant ainsi l’avion tireur des contraintes de désignation. Pour des missiles comme le Meteor ou le Mica, cette technique permet d’augmenter leur probabilité de destruction.
- SPECTRA : extensions en détection et brouillage vers les bandes basses et hautes pour s’affranchir des méthodes de triangulation.
- L’Optronique Secteur Frontal profite de l’intégration de voies TV et IR de nouvelle génération. Elle permet, entre autre, la détection de cibles furtives.
- Helmet Mounted Display System (HMDS) : les pilotes s’équipent désormais d’un viseur de casque. Il s’agit du Scorpion développé par Thales, permettant à la fois la désignation d’objectifs au sol et en vol.
Le Rafale F4.2
Le cockpit dispose d’écrans latéraux (VTL) plus larges. Leur taille passe à 15,88 x 15,88 cm et remplacent les modèles tactiles d’origine. Ces nouveaux écrans disposent d’une bien meilleure résolution et de meilleurs capacités de traitement. Elles permettent notamment d’être manipulées de la même manière que les smartphones, avec une prise en compte du “double appui” ainsi que des fonctions agrandissement et rétrécissement avec 2 doigts. Une tablette tactile de genou complète le dispositif.
Globalement, l’augmentation de résolution et de taille profitent à l’exploitation des images provenant des capteurs tels que l’OSF et les nacelles Talios ou Sniper.
Egalement, la connectivité du Rafale adopte plusieurs niveaux d’emplois. Le premier est de niveau OTAN et l’autre au niveau France. Ce dernier préserve ainsi les intérêts de la nation et en particulier son principe de dissuasion nucléaire. Elle passe principalement par des serveurs de communication spécifiques et des liaisons satellites IMMARSAT.
Cette connectivité se décline en différents aspects :
- Des radios numériques logicielles “CONTACT” : COmmunications Numériques TACTiques et de Théatre).
- Une nouvelle liaison de données tactiques (LdT) : directionnelle, partage d’information en inter-patrouille, forme d’onde 3 dimensions (F03D).
- L’intégration de la Liaison 16 block 2.
- Une architecture réseau renforcée contre les cyber-attaques.
- Un programme de connectivité améliorée pour les évolutions du Rafale (Capoeira).
- Un SATCOM chiffré et sécurisé (antenne et modem spécifiques).
Jusqu’à 8 missiles air-air équipent désormais le Rafale
Le Rafale F4 se dote également de nouveaux équipements :
- Le Mica NG (entrée en service en 2027) et configuration jusqu’à 8 missiles air-air. La LPM 2019-2025 prévoit 567 missiles dont les mises en services s’étaleront entre 2026 et 2031.
- Une nouvelle capacité SPECTRA : brouilleur autonome numérique. Il complète les chaînes de détection et de brouillage et permet de neutraliser un plus grand nombre de menaces simultanément.
- Des leurres électromagnétiques actifs (LEA). Il s’agit là de “mini brouilleurs” autonomes que le Rafale éjecte, lui permettant de garder toute sa manœuvrabilité.
- Une aide à l’appontage pour le Rafale Marine : guidage en affichage tête haute de la trajectoire en dernier virage en approche du porte avions. Désormais, l’appareil peut réaliser son circuit final en automatique. Les commandes de vol intègrent des assistances pour accompagner le pilote dans les dernières secondes de vol.
- Un MCO amélioré : nouveau système de pronostic et d’aide au diagnostic (maintenance prédictive).
- Un nouveau calculateur moteur.
De nouveaux radars AESA pour l’Armée de l’Air et la Chasse Embarquée
A fin 2022, 20% des Rafale français disposent d’une antenne AESA. L’objectif est de porter le parc à 50% en 2023. C’est principalement la vente d’appareils à l’export qui permet d’assurer le financement de ces nouveaux équipements.
AASM 1000 Hammer TM sur Rafale F4
Fin 2022, la DGA prononce la qualification de la munition AASM 1000 (Armement Air-Sol Modulaire de 1 000 kg). Il s’agit d’un engin à propulsion avec guidage GPS et inertiel qui se destine à équiper des corps de bombes de forte puissance, Mk84 et BLU109, mais également de nouveaux développements en cours de la société ARESIA (corps de bombe BA84 et P1000).
Safran développe cette nouvelle version de l’AASM dans le cadre d’un marché de 85 millions d’euros passé par la DGA en 2017.
L’AASM 1000 se compose d’un kit de guidage GPS et inertiel et d’un kit d’augmentation de portée. Ce dernier utilise un propulseur et permet un allongement significatif du domaine de tir. Ces deux kits proviennent de la dernière version de l’AASM 250 en service dans l’armée française depuis 2008.
Le Rafale au standard F4.1 emporte jusqu’à trois AASM 1000. C’est l’équipementier Safran Electronics & Defense qui développe cette munition, dans le cadre d’un marché de 85 millions d’euros datant de 2017. Documentation Safran Group : Safran Electronics & Defense – AASM HAMMER Family
Le Rafale, un atout pour l’industrie et l’économie française
En France, la filière aéronautique concerne 4480 entreprises et 263000 emplois. De même, elle représente 106 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Sans compter environ 400 sous traitants, les principaux acteurs du Rafale représentent des milliers d’emplois :
- Dassault Aviation : 11 398 employés sur 13 sites,
- Thales : 65 118 employés sur 70 sites,
- Safran : 58 324 employés sur 69 sites,
- MBDA : 10 338 employés sur 5 sites.
Pour assembler une douzaine d’appareils par an, on estime à 7000, le personnel nécessaire.
Avec 11,7 milliards d’euros de prises de commandes en 2021, la France apparaît comme le troisième exportateur d’armes au niveau mondial, derrière les Etats-Unis et la Russie.