Polyvalent depuis le standard F2 en 2006, le Rafale poursuit une amélioration continue.

Armée de l’Air et Marine nationale prononcent la mise en service opérationnelle complète du Rafale F3-R le 8 mars 2021. Cette nouvelle évolution confirme la capacité du Rafale à s’adapter aux exigences opérationnelles des forces.

C’est le 10 janvier 2014 que le Ministère des Armées signe la mise à l’étude du Standard F3-R. Ce programme vise à positionner le Rafale à un haut niveau d’efficacité opérationnelle. L’objectif consiste à mettre à jour, moderniser et accroitre les capacités de l’avion, tant sur le plan des systèmes que de l’armement.

La Direction Générale de l’Armement prononce la qualification du nouveau standard le 31 octobre 2018. Les 4 premiers appareils sont livrés fin 2018 et en mars 2021, 50% de la flotte Rafale dispose du Standard F3-R.

L’Armée de l’Air met en œuvre pour la première fois des appareils au standard F3-R en septembre 2020 sur la base aérienne projetée au Levant. Une patrouille intervient alors contre une position de Daesh et réalise une frappe d’opportunité. Plusieurs bombes sont tirées et des caches d’armes détruites.

Des Rafale F3-R pour la première fois au Levant © Armée de l’Air et de l’Espace
Presque 3 ans de travail pour la Marine nationale

Ce nouveau jalon capacitaire vient conclure une progression marquée par :

  • Les expérimentations militaires conduites sur l’avion par les détachements chasse et armement du CEPA/10S
  • Des campagnes d’expérimentations à bord du porte-avions Charles de Gaulle fin 2019 et fin 2020
  • Un premier déploiement opérationnel de la Flottille 11F sur Rafale F3-R pendant la mission Foch 2020
  • La réalisation par le Service industriel de l’aéronautique (SIAé) de 29 chantiers de mise à niveau des avions
  • La mise à niveau de la Flottille 11F en 2019, la 17F en 2020, et la 12F courant 2021.

Un peu plus d’un an après avoir prononcé la première capacité opérationnelle, c’est désormais l’intégralité des capacités apportées par ce nouveau standard qui peut dorénavant être employée en opérations :

  • Système de guerre électronique SPECTRA amélioré et une capacité d’alerte renforcée vis-à-vis des menaces adverses
  • Augmentation de la résilience contre le brouillage GPS
  • Accélération de la boucle décisionnelle et préservation de l’interopérabilité
  • Optimisation de la capacité d’identification et de désignation des cibles au sol avec l’intégration du nouveau pod de désignation laser (TALIOS)
  • Amélioration du système de soutien avec un diagnostic accéléré et plus précis des pannes.
Rafale marine sur le pont d’envol du porte-avions Charles de Gaulle © Marine Nationale
Expérimentation conjointe avec l’Armée de l’Air

Régulièrement, le CEPA/10S collabore étroitement avec le Centre d’Expertise Aérienne Militaire (CEAM) de Mont de Marsan. Cette unité de l’Armée de l’Air participe à la rédaction des comptes rendus et des manuels d’utilisation. Elle mobilise également :

  • l’Escadron de Chasse et d’Expérimentation 1/30 Côte d’Argent,
  • le Centre d’expertise et d’instruction des liaisons de données tactiques (CEILDT),
  • l’Escadron de programmation et d’instruction à la guerre électronique 07/330 (EPIGE)
  • et le centre d’expertise de l’armement embarqué (CEAE).

Chaque nouveau Standard du Rafale s’accompagne de vérifications consistant à s’assurer que les fonctionnalités précédentes (F3.4+) continuent à se comporter normalement. Par ailleurs, il s’agit également de définir le “mode d’emploi” des nouveautés :

  • Armements : Meteor, AASM Block3, GBU-16 …
  • Systèmes : RBE2 AESA, SPECTRA, IFF Mode 5/S, AGCAS …

A noter également, la présence désormais d’une équipe de marque “cyber”. Celle-ci valide la robustesse des systèmes vis-à-vis des menaces informatiques.

C’est le CEAM qui dirige également une campagne d’expérimentation “temps chaud” en juillet 2019. Celle-ci se déroule alors sur la base aérienne d’Al Dhafra aux Emirats. Les tests portent alors sur trois domaines : le pod de désignation laser Talios, l’efficacité du radar de suivi de terrain en environnement désertique et sableux et les protections thermiques du cockpit Rafale. Une trentaine de missions permirent de pousser dans leur retranchement les différents matériels.

Campagne temps chaud pour le Rafale F3-R aux Emirats en 2019. Rafale aux couleurs du 1/30 et 3/30 © Eric Dejour / Armée de l’air
Une prise en main rapide par les pilotes

Si le Standard F3-R représente une évolution significative du Rafale, qu’en est-il pour les pilotes ?

Depuis son entrée en service, de l’avis de tout ceux qui ont pu s’installer à bord, l’avion est “facile à piloter”. Il est rapide à prendre en main. Une des clés de ce succès porte sur l’extrême efficacité de son interface homme-systèmes. D’ailleurs, certains pilotes d’essais étrangers n’ont pas manqué de souligner ce caractère remarquable de l’avion.

A chaque standard, un “avion nouveau”. Aussi est-il nécessaire pour les pilotes déjà qualifiés sur la version précédente, de participer à quelques jours de cours au sol afin de découvrir les nouveautés. Enfin, quelques vols suffisent à prendre en main le nouveau système.

Pour les pilotes “ab-initio”, le Standard F3-R est bien entendu au cœur de leur formation initiale (plus d’un mois de cours au sol). Par ailleurs, les jeunes pilotes opérationnels ne volent que sur cette version, laissant la possibilité de voler sur la version précédente aux plus anciens (chefs et sous chefs de patrouille), le temps que l’ensemble du parc soit mis à jour.

De fait, l’interface du F3-R est quasi similaire au précédent. En conséquence, son apprentissage et exploitation sont assez transparents, offrant en revanche de bien plus grandes perspectives opérationnelles. Ainsi, après avoir découvert le “tronc commun” du F3-R, les pilotes perfectionnent ensuite certains aspects, TALIOS et METEOR par exemple, avec des vols supplémentaires.

L’appareil, quant à lui, nécessite environ un mois de travail pour passer au Standard F3-R.

A bord d’un Rafale Marine. Un grand merci à la © Chasse Embarquée pour la photo. Le Rafale F3-R en service.
Le missile air-air METEOR (MBDA) : LE “game changer”

Le 1er mars 2021 la Direction Générale de l’Armement (DGA) réalisait le dernier tir d’Evaluation Technico-Opérationnelle (ETO) du missile METEOR. Cette évaluation réalisée conjointement avec l’Armée de l’Air et la Marine nationale avait débuté en 2019.

L’ETO du METEOR s’est appuyée sur l’utilisation de cibles rapides BQM, avec notamment des tirs avec 2 cibles simultanées. Les cibles étaient équipées de caméras et ont permis de filmer la plupart des interceptions.

Le missile METEOR est un missile air-air de construction MBDA. Il a pour mission de détruire ou de neutraliser les cibles aériennes à longue distance. Complémentaire du missile MICA, il est intégré au Rafale et embarquable sur le porte-avions Charles de Gaulle.

La mise en service du missile METEOR s’accompagne d’une nouvelle évolution du radar RBE2 à antenne AESA, encore plus robuste en situation de guerre électronique dense. Depuis 2012, il est d’ailleurs le premier avion de combat européen, doté d’un radar à balayage électronique actif.

Installation d’un missile METEOR “bon de guerre” sur Rafale. Le pylône d’emport est le LM3088  © L. Pedehontaa – Armée de l’Air
En plus des missiles MICA, les METEOR augmentent significativement les capacités de défense aérienne du Rafale. Ils permettent ainsi de tenir un adversaire à bonne distance, et participent davantage à la capacité à “entrer en premier” en territoire hostile © J. Girardin – Armée de l’Air
Engin cible BQM-167. Il mesure 6 mètres de long pour 1100 kg et évolue à Mach 0,92. Son plafond maximum est de 15400 mètres © DGA
Tir METEOR
L’emport du METEOR sur Rafale est pour le moment limité aux points latéraux arrières. 2 vérins participent à la séparation du missile par éjection. Le Rafale F3-R en service © DGA
Les Rafale indiens (EH/DH) disposent également des conduites de tir nécessaires au METEOR © Vincent Vannier (février 2021)
Une NAcelle de RAvitaillement en vol Nouvelle Génération (NARANG)

La Marine nationale pérennise ses capacités de ravitaillement en vol par l’intégration d’une nacelle de nouvelle génération (NARANG). Celle-ci permet d’accroître significativement le rayon d’action des avions de combat. Elle offre également un débit plus élevé que les générations précédentes et une maintenance simplifiée. Par l’autonomie supplémentaire qu’elle accorde aux appareils, la nacelle est également un élément de sécurité primordial lors des manœuvres d’appontage.

Ce programme est particulièrement important pour Safran Aerosystems : une grande partie du site de Roche la Molière a été mobilisée pour ce projet avec le soutien du site de Plaisir.

La NARANG est une évolution du pod historique développé pour les Étendard et Super Étendard, par Intertechnique (racheté par la suite par Zodiac puis Safran). Le pod IN234000 demeure en service et a connu, en parallèle, une remise à niveau. Le débit est désormais compris entre 750 et 1 000 litres de carburant délivrés par minute.

Panier de ravitaillement en vol de la nacelle NARANG © Safran Aerosystems
Nacelle NARANG © Safran Aerosystems
La nacelle NARANG au point ventral d’un Rafale M. Elle inclut notamment une capacité de diagnostic permettant d’améliorer la maintenance et la disponibilité © Nicolas Rey
L’appareil porteur de la nacelle, la “nounou” peut emporter jusqu’à 4 réservoirs de carburant supplémentaires – Le Rafale F3-R en service © Marine nationale
Automatic Ground Collision Avoidance System (AGCAS)

L’amélioration de la sécurité des vols est également au cœur du Rafale F3-R avec l’intégration d’un système d’anticollision automatique avec le sol (AGCAS). C’est un système qui utilise une suite de capteurs, moniteurs embarqués et données de vol pour déterminer si un avion est se dirige vers une probable collision au sol. Sur la base de la trajectoire de l’avion, de la vitesse et de l’absence d’informations provenant du pilote, le système calcule alors la meilleure façon de retrouver une trajectoire sûre. L’appareil effectue alors une remise à plat des ailes, avec une ressource sous facteur de charge positif.

Jusqu’à présent, des fonctions “similaires” œuvraient en cas de panne de la fonction suivi de terrain (Mirage 2000N par exemple), ou sur sollicitation manuelle du pilote (bouton “recovery” en cabine sur Rafale). Désormais, c’est un système entièrement automatique qui permet de sécuriser le pilote en cas de perte de connaissance par exemple (G-LOC).

Peu d’informations circulent sur le GCAS du Rafale, nous vous proposons donc une infographie relative au F-35 de Lockheed Martin : AGCAS. La vidéo ci-dessous présente un aperçu de la fonction GCAS sur F-16.

Le Rafale F3-R en service bénéficie du GCAS

Nacelle de désignation laser et identification TALIOS (THALES)

Opérationnelle depuis octobre 2020, la nacelle Talios (TArgeting Long-range Identification Optronic System) optimise l’identification et le ciblage à longue distance. Elle est tout particulièrement adaptée aux missions d’appui-feu (CAS : Close Air Support) ou de reconnaissance armée (SCAR : Strike Coordination and Reconnaissance). Son premier vol d’essais sur Rafale remonte au mois de juillet 2016.

La nacelle Talios se caractérise par une qualité d’image très supérieure provenant de ses nouveaux capteurs infrarouges (IR) et proches IR. Ils permettent à l’aéronef de rester à distance de sécurité. La résolution et les incrustations tactiques complémentaires permettent une meilleure interprétation de l’image. Ils facilitent également l’utilisation (recherche, identification, poursuite et désignation de cibles) et le processus de décision.

Elle aura pour missions principales le recueil de renseignement, la recherche, l’identification, le suivi et la désignation de cibles au sol. Pour ce faire, elle bénéficie aussi de la géolocalisation et d’une capacité Rover intégrée. Celle-ci permet les échanges d’images avec les troupes au sol. Elle dispose par ailleurs de capacités de maintenance intégrée qui en faciliteront le soutien.

Son utilisation par le pilote est similaire à la nacelle Damocles, mais offre des performances très nettement supérieures.

La France réceptionnera 14 nacelles Talios en 2021 (sur une prévision de 45 exemplaires).

Imagerie Talios © Thales
Rafale B du CEAM emportant une nacelle Talios © Loïc Marzin – Armée de l’Air
La nacelle TALIOS – Le Rafale F3-R en service © Loïse Guillout – Armée de l’Air
Bombe à Guidage Laser GBU-16

Si le Rafale dispose déjà d’une vaste panoplie d’armements air-sol, la GBU-16 permet désormais un usage “intermédiaire” entre les munitions de 250 et 1000 kg. D’une masse de 500 kg, la bombe dispose d’une charge explosive de 200 kg.

Une des nouveautés du Standard F3-R consiste également en la capacité, pour le pilote, à pouvoir régler ses armes en cabine, en particulier l’AASM et ses récentes capacités à traiter les cibles mobiles. Ainsi, l’AASM Block III Agile Release Capabilities, permet de faire feu par le travers, mais aussi en très basse altitude et haute vitesse, en suivi de terrain et en virage.

Rafale C emportant 2 GBU-16 en octobre 2019 © Laurent Naulin
Pod de reconnaissance RECO-NG (AREOS)

Si l’emport de ce pod de reconnaissance n’est pas spécialement récent (2010), il est important de souligner l’importance de sa mise en œuvre en Opex. En effet, le Ministère des Armées, dans une communication d’avril 2020, évoquait alors son usage au sein de patrouille “mixte” de Rafale. Ainsi, afin d’accroître le potentiel de 2 appareils partant en mission, les emports sont parfois mixés : un pod RECO-NG pour l’un et un chargement de bombes pour l’autres. Ainsi, alors que le premier appareil se charge du recueil des renseignements d’opportunité, le second garde une complète capacité d’appui-sol.

En conséquence, une patrouille de 2 Rafale réalise 3 actions complémentaires : défense aérienne, appui-sol et renseignement.

Le Pod RECO-NG peut prendre des photos en très basse comme en haute altitude, à courte comme à grande distance, à grande comme à très grande vitesse. Il peut également transmettre en vol ses images grâce à des stations de réception au sol, mobiles et aérotransportables.

A noter également que la coordination en patrouille se trouve facilitée par l’amélioration de la liaison L16. En effet, celle-ci permet désormais les échanges entre équipages par “free text”. Comme un simple email, le pilote reçoit des informations écrites. Attendre sur la fréquence radio pour obtenir une information n’est désormais plus nécessaire, et, contrairement à une transmission audio, l’information est écrite et donc consultable au besoin.

C’est la Marine nationale qui effectue la première mise en œuvre en opération du pod RECO-NG sur Rafale F3-R durant la mission Foch, en janvier 2020.

Areos prise de vue
Image pod RECO-NG – Le Rafale F3-R en service
Sous une belle lumière hivernale, ce Rafale C se présente en finale à Saint Dizier, et emporte un pod RECO-NG © Timothée Savouré (2021)

En route vers le Standard F4

Après les Flottilles 11F et 17F intégralement qualifiées sur F3-R, la 12F a commencé l’été dernier sa transformation sur ce nouveau standard. En parallèle, la Marine participe au développement du standard F4 qui a déjà commencé à voler sur le Rafale M1.

Si la version F3-R du Rafale représente la plus importante évolution du Rafale depuis son entrée en service, le Standard F4 mettra davantage l’accent sur la connectivité et le combat en réseau.

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