Vu par l’Adjudant-chef « RICO », JTAC-Evaluator.

Mon Adjudant-Chef, vous êtes affecté au 68e Régiment d’Artillerie d’Afrique, 7e Brigade Blindée, 1re Division de l’Armée de Terre. Tout d’abord, que signifie JTAC ? « C’est une désignation OTAN : Joint Terminal Attack Controller (contrôleur d’attaque finale des appuis feux interarmées). Le personnel détenant cette qualification OTAN est responsable du contrôle de l’ensemble des appuis feu indirects (artillerie, Appui Feu Hélicoptère (AFH), appui feu naval, Close Air Support) à proximité des troupes amies engagées par l’ennemi.

Avant 2016, le terme utilisé était Forward Air Controller (contrôleur aérien avancé). La mission principale consistait à guider les aéronefs (avions + hélicoptères). Désormais, le standard OTAN a évolué afin de fournir des informations précises sur la Situation Awareness (situation de la zone de combat) pour appuyer au mieux les troupes au sol.

Le JTAC est le personnel responsable de la sécurité aérienne dans le volume qui lui est attitré.

Ce 16 avril marque les 80 ans du 68e Régiment d’Artillerie d’Afrique.

Au plus près de l’ennemi et avec la plus grande précision, il guide les appuis feux. La précision et l’évaluation des dégâts sont les éléments clés afin d’éviter les tirs fratricides et les dommages collatéraux. Nous décidons donc des actions à mener :

  • délivrer de l’armement en fonction de la cible et de l’environnement direct de la zone de combat,
  • opérer des actions non-létales tel qu’un “show of presence” ou “show of force”. Ces démonstrations de présence/force consistent en des passages d’avions à plus ou moins haute vitesse et altitude au-dessus d’un objectif.

L’exception est pour le JTAC “airborne”. Il embarque à bord d’un Atlantique 2 (équipé par la boule optronique L3Harris Wescam MX-20) des flottilles de la Marine nationale et certains escadrons de chasse de l’Armée de l’Air et de l’espace ».

La formation se déroule sur la Base Aérienne 133 de Nancy au Centre de Formation de l’Appui Aérien

« Ce centre créé en 1946 est désormais franco-allemand et certifié selon les normes OTAN. Ses instructeurs français sont aussi bien des pilotes, des Navigateurs Officiers Systèmes d’Armes, des commandos que des observateurs d’artillerie.

Les armées françaises disposent de 4 simulateurs. Ils offrent une perspective évolutive à 270° de la zone de combat simulée permettant des scénarios de conflit en haute intensité.

Les JTAC en opération utilisent exclusivement la langue anglaise. En effet ils peuvent faire appel à un avion de toute nation confondue. Avant chaque frappe, il passera alors le « 9 lines CAS-brief » message codifié regroupant 9 informations primordiales.

Trois niveaux de formation sont dispensés JTAC, JTAC-Instructor et JTAC-Evaluator. Les trois armées (terre, air et mer), forces spéciales comprises, disposent de 20 JTAC-Evaluator qui permettent de maintenir la standardisation de la spécialité tout en s’adaptant aux différentes missions de ces armées ».

L’Escadron d’Entrainement 3/8 “Côté d’Or” participe régulièrement à la formation des JTAC
Les avantages du Rafale en Close Air Support 

« Le Rafale est une très grande réussite technologique. Par ailleurs, il ne cesse de s’améliorer au fur et à mesure des nouveaux standards.

Tout d’abord sa capacité d’emport est exceptionnelle autant qu’en terme de quantité qu’en terme de diversité d’armement (GBU, AASM et son canon de 30mm).

En effet, doté de munitions avancées tel que l’AASM, il dispose également du canon nous permettant des frappes précises à très courtes distances des positions amies et non soumises au CDE process (processus d’estimation des dommages collatéraux).

Appuyé en 2014 en République Centre Africaine par les Rafale B de l’Escadron de Chasse 1/4 Gascogne, je peux vous garantir sa grande efficacité et sa plus-value !

Ensuite le passage au standard F3-Roadmap a encore amélioré ses capacités de reconnaissance et de désignation grâce au pod TALIOS de Thales (TArgeting Long range Identification Optronic System : système optronique de ciblage et d’identification à longue distance).

Nous avons participé de 2017 à 2019 à son expérimentation jusqu’à sa validation en collaboration avec :

  • la Direction Générale de l’Armement (DGA),
  • l’équipe de marque Rafale 01.133 du Centre d’Expertise Aérienne Militaire (CEAM),
  • le Centre d’Expérimentations Pratiques et de réception de l’Aéronautique navale (CEPA/10S).

La qualité des vidéos, de jour comme de nuit, est nettement améliorée en comparaison avec le pod Damoclès de Thales ».

Le Rafale en Close Air Support, c’est la possibilité de délivrer un vaste panel d’armements
Echanges de données tactiques entre le sol et l’avion

« Nous exploitons également le système ROVER (Remotely Operated Video Enhanced Receiver / récepteur vidéo amélioré piloté à distance). Celui-ci nous permet l’échange de flux vidéo avec le Rafale et de voir exactement ce que les équipages voient. Gain de temps dans les procédures !

Dans un futur proche, nous l’espérons, l’échange de données tactiques en DaCAS (Digital Aided Close Air Support) grâce aux transmissions de données automatiques en VMF (Variable Message Format) déjà expertisé par notre cellule en 2019 sur notre exercice « Bodlness 19 » à Captieux avec le CEPA/10S et le 2nd Air Support Operations Squadron (unité de l’Armée Américaine basée en Allemagne).

La vision aérienne étant plutôt de type 2D, nous apportons, du fait de notre position sur le terrain, les développements verticaux, c’est-à-dire le relief, chose difficile à corréler.

En cas doute au sol sur notre visuel (ennemi derrière un relief, un mur, etc..) nous avons la possibilité d’utiliser un mini drone si la situation 3D du moment le permet.

L’association des vues aériennes + terrestres et du dialogue équipage/JTAC permet ainsi une appréciation la plus précise de la zone de combat et de son environnement.

Les capacités de pointage laser s’améliorent également. Nous pouvons désormais faire un « matching ». Cela permet de croiser le faisceau laser du pod et celui de notre pointeur IR. Ainsi, nous gagnons un temps considérable durant les guidages de nuit ».

Vous pouvez trouver plus d’infos et des reportages photos sur la page Facebook du 68th TACP :


Remerciements

Je tiens à remercier le 68th TACP, et tout particulièrement l’Adjudant-Chef “RICO” pour s’être prêté au jeu de l’interview. Merci de nous avoir permis de découvrir sa spécialité au sein de l’Armée de Terre.

4 thoughts to “Le Rafale en Close Air Support

  • Gueguen

    Je fesait partie de la FAR¡!!

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    • Philippe AMIEL

      En quelle année ? Que faisiez-vous au juste ?

      Répondre
  • Thierry M

    Très bien.

    Répondre

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