Le combat aérien courte portée n’est pas la seule vocation du canon intégré du Rafale.

Développé par la société Nexter (anciennement GIAT), le canon 30M791 du Rafale remplace le DEFA 30 mm équipant les Mirage 2000, F-1 ou Super Etendard. Développement ambitieux, le 30M791 devait permettre d’obtenir à lui seul une puissance de feu similaire à deux DEFA 554 (version montée sur le Mirage 2000).

Photo ci-dessus © Armée de l’Air.

Le 30M791, plus puissant que le DEFA

Caractéristiques du DEFA 554 :

  • Calibre : 30 mm
  • Longueur : 1958 mm
  • Masse : 80 kg
  • Cadence de tir : 1100 à 1350 coups par minute
  • Vitesse initiale : 810 m/s
  • Portée (efficace) : 1000 m (?)
  • Alimentation : 125 à 150 obus (30 x 113)
  • Une rafale de 0,5 seconde libère 10 obus.

Caractéristiques du 30M791 :

  • Calibre : 30 mm
  • Longueur : 2400 mm
  • Masse : 120 kg
  • Cadence de tir : 2500 coups par minute (la plus élevée pour un canon monotube)
  • Vitesse initiale : 1025 m/s
  • Portée (efficace) : 3500 m (?)
  • Alimentation : 125 obus (30 x 150)
  • Une rafale de 0,5 seconde libère 22 obus.
Canon Rafale
Retour de mission pour ce Rafale B du CEAM. Les mécaniciens apposent un opercule de bouche frangible afin d’obturer son extrémité. A l’arrière, on observe l’échappement des gaz du décompresseur également obturable (vers le bas pour éviter le réservoir supplémentaire et risquer de le déformer). Dans le prolongement, à gauche, on aperçoit l’entrée d’air de refroidissement. Ces différents opercules participent à la réduction de la signature radar (SER) © Philippe AMIEL
30M791
Le canon 30M791 sur un affût aux côtés d’un Rafale M. Son extrémité argentée est appelée “décompresseur” © RafaleNews

La plus grande vitesse initiale permet une trajectoire plus tendue et une portée accrue, augmentant ainsi la précision du tir.

En ce qui concerne la cadence de tir, celle-ci provient de l’adoption d’un barillet à 7 chambres, contre 5 pour le DEFA. En conséquence, cela limite le déplacement des munitions dans l’arme. Enfin, il fonctionne par emprunt des gaz et est donc indépendant en énergie en atteignant sa cadence maximale dès le deuxième coup. Le canon ne subit aucune inertie, ni au démarrage, ni à l’arrêt.

Le calage de l’arme semble établit à 0° par rapport à l’horizontale (source Air Fan n°350 en 2008), mais à la lecture de “Rafale en Afghanistan“, la hausse peut être ajustée à -2,5° pour des tirs à 3500 mètres en air-sol. Le calage nul priorise le mode air-air.

Le saviez-vous ? La tourelle THL30 équipant les hélicoptères Tigre, dispose d’un dérivé de ce canon, le 30M781 à motorisation électrique.

La munition OSPEI : Obus Semi-Perforant Explosif Incendiaire

Loin d’égaler les performances des obus du A-10, celui-ci pèse 275 grammes. Le pilote a le choix entre des salves de 0,5 ou 1 seconde à programmer au sol sur le Tableau Armement Mécanicien. En revanche, en cabine, il peut opter pour des rafales de 21 ou 42 obus, voire des rafales libres.

Ceux-ci sont conçus pour s’autodétruire après un certain temps de vol, lorsque la vitesse de rotation diminue. D’ailleurs, les vols d’essais et mesures ont été réalisés de nuit afin d’observer les explosions à partir de caméras embarquées (Notice Nexter 30 mm).

Le Tableau Armement Mécanicien. A droite de la silhouette du Rafale, on aperçoit le sélecteur 0,5 ou 1 seconde. Le chargement des munitions s’effectue par une trappe située juste en dessous de celle-ci © Philippe Berthelier
Approvisionnement en munition. Notez l’absence d’opercule du canon. Les 2 orifices que l’on aperçoit juste au dessus du réservoir de 2000 litres, sont les échappements des gaz © Armée de l’Air – Tirs canon air-sol en Rafale

Une importante campagne d’essais fut menée en 2008 à Cazaux sur le Rafale M5. Profitant des installations du CEL et du champ de tir de Calamar, le CEV effectua des tirs selon des pentes allant de 10 à 45°, à des distances débutant à 800 mètres. Outre l’efficacité de la conduite de tir, ces essais permirent également de mesurer l’impact des obus sur des cibles simulant différentes épaisseurs de blindage.

Il existe également des munitions “OX” (Obus d’eXercice) et “OLEST” (Obus LESTés utilisés pour le remontage de l’arme).

Une séquence de tir air-sol au canon

Au moment du tir, le pilote ne ressent qu’une légère vibration accompagnée d’un crépitement sec. De nuit, on perçoit une flamme par vision périphérique. La séquence de tir, selon la pente choisie, s’accompagne d’une ressource plus ou moins accentuée et fonction des emports. En lisse, il n’est pas rare de tirer jusqu’à 7.5 g pour éviter de traverser la sphère des éclats des OSPEI.

Les tirs à courtes portées (800 à 1000 m) exigent de limiter les corrections de trajectoires. Pour cela le pilotage en boucles ouvertes est souvent adopté. En revanche, les tirs à longues distances à 45° entraînent d’autres pratiques. Par exemple :

  1. Mise en piqué à 390 nœuds en se mettant “sur le toit” par un demi-tonneau,
  2. Prise de pente en tirant sur le manche,
  3. Passage plein réduit pour éviter d’accélérer (selon les cas) et passer supersonique,
  4. Nouveau demi-tonneau dans le même sens pour revenir sur le ventre,
  5. Affinage de la visée,
  6. Levée du “master” avec contrôle de la symbologie en tête haute,
  7. Tir, puis ressource et remise en position du “master” sur “safe”.

… à 45° et 510 nœuds, la vitesse verticale est de 186 m/s. Tout va très vite !

Lors des tirs, les douilles sont éjectées, mais pas les maillons. Trop légers, ils pourraient endommager la cellule. L’éjection se fait juste au-dessus du train principal droit.

Tir Canon
Le Rafale M15 effectue un tir canon sur le champ de tir de RAF Tain en 2013. Une rafale de 0,5 seconde libère 22 obus © Tomsaviation.co.uk
Passe de tir canon pour ce Rafale C durant Serpentex 2016, observez les douilles qui sont éjectées © Hervé Godard – Defens’Aéro
Close Air Support

En octobre 2014, les Rafale engagés dans l’Opération Chammal ont ouvert le feu avec leur canon sur des positions de Daesh en Irak. A l’époque, une très faible distance entre les positions ennemies et les troupes au sol irakiennes avait nécessité d’opter pour l’emploi du canon (article DefensAero). Plus d’informations sur les missions Close Air Support ici.

Le canon Nexter 30M791 dans son logement © RafaleNews

Découvrez le métier d’armurier dans l’Armée de l’Air (on aperçoit le canon à 0:40) :

Campagne de tir canon air-air à Solenzara en novembre 2020 © Sébastien Lafargue

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