1ère partie : le marché, la concurrence
2013 : Les hypothèses d’exportation du Rafale (Rapport de l’Assemblée nationale 1551)
Le projet de loi de programmation militaire prévoit l’acquisition de 26 avions de combat Rafale supplémentaires, à hauteur de 11 appareils en 2014, 11 en 2015, quatre en 2016 et aucun entre 2017 et 2019. Ce calendrier de livraison est le fruit d’un compromis entre le format des armées arrêté par le Gouvernement, les capacités budgétaires mises à disposition du ministère de la Défense et la logique de production industrielle de Dassault Aviation. Afin de maintenir son rythme de production en 2016, l’entreprise compte sur des ventes d’exportations à un ou plusieurs États étrangers, dont l’Inde.
En réponse au rapport de la Cour des comptes de 2010, le ministère de la Défense a estimé le coût de production unitaire du Rafale à près de 100 millions d’euros : une modification des commandes sur ce programme aurait donc pour conséquence directe un écart très significatif avec la trajectoire financière actuellement fixée dans le projet de loi de programmation militaire. Cette fragilité intrinsèque a donc suscité la création d’une « clause de revoyure », inscrite à l’article 4 bis du présent projet de loi, prévoyant une première actualisation avant la fin de l’année 2015, qui se fondera notamment sur la base des résultats obtenus.
Exporter le Rafale : une nécessité économique et industrielle
Il convient toutefois de souligner que le délégué général pour l’armement, M. Laurent Collet-Billon s’est montré plutôt confiant dans les perspectives d’exportation du Rafale en indiquant travailler « à la vente de 126 Rafale à l’Inde – dont dix-huit fabriqués en France – et de 36 appareils au Qatar – même si ce chiffre n’est pas encore arrêté. Je suis persuadé que nous réussirons à conclure le marché avec l’Inde, même si nous pourrions attendre jusqu’à la fin de l’année 2014 pour des raisons de fonctionnement administratif, d’attention portée par les Indiens au respect des procédures, de calendrier politique et de nécessité d’adapter certains de leurs équipements au Rafale. Sur ce dernier point, l’intérêt de l’opération avec le Qatar réside dans la proximité de la définition technique des avions avec la nôtre. À plus long terme, le Brésil pourrait réapparaître comme un marché potentiel ».
Dans le même sens, le ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, s’est déclaré « optimiste sur la capacité de Dassault Aviation à conclure des contrats permettant la continuité de son plan de charge (…). Les toutes récentes déclarations du PDG du groupe, M. Éric Trappier, nous confortent dans cette analyse ».
Ce dernier a en effet déclaré que « nous avons besoin de construire un Rafale par mois, et onze par an, pour conserver la capacité de production de cet avion. Nous avons fait le pari de produire à cette cadence jusqu’en 2016 pour équiper l’armée française, ce qui laisserait à l’État et à l’industrie le temps de mettre en commun leurs efforts en vue d’obtenir un contrat à l’exportation dans un des pays où les négociations sont assez avancées ».
L’emprise politique du F-35 américain (Lockheed Martin)
En juillet 2023, 945 appareils ont été livrés à travers le monde, sur 29 bases aériennes américaines ou alliées. La flotte affiche 691000 heures de vol et le F-35 est opérationnel dans 12 pays (IOC).
A terme, l’Europe mettra en œuvre environ 500 F-35. Leurs bases de stationnement seront :
- Royaume Uni (RAF Marham) : 30 F-35B en service et 23 en cours de livraison. En mai 2022, Londres négocie une commande supplémentaire de 26 F-35B.
- Pay-Bas (Volkel, en 2022 et Leeuwarden) : 34 F-35A en service et 18 en cours de livraison.
- Italie (Amendola et Ghedi en 2022) : 24 exemplaires en service et 66 en commande (F-35A et F-35B).
- Norvège (Ørland et Evenes en 2022) : 40 F-35A en service et 12 en cours de livraison.
- USAFE (RAF Lakenheath à partir de 2022) : 31 F-35A en service et 17 en cours de livraison.
- Danemark (Skrydstrup, en 2023) : 7 F-35A en service et 20 F-35A en cours de livraison.
- Belgique (Florennes en 2025 et Kleine-Brogel en 2027) : 34 F-35A en commande.
- Pologne (Łask en 2026 et Świdwin) : 32 F-35A en commande.
- Finlande (Rovaniemi et Kuopio entre 2028 et 2030) : 64 F-35A en commande.
- Allemagne (Büchel en 2026) : 35 F-35A en commande.
F-35 : coûts de fonctionnement
Le coût unitaire du F-35A s’élève à 79 millions de dollars en 2020, tandis que l’heure de vol “devrait” atteindre 25000 $ en 2025. Quant à la version “Block 4” qui devrait permettre au F-35 de tenir ses promesses, elle devrait être opérationnelle en … 2029.
Le saviez-vous ? En 2022, le coût de l’heure de vol du F-35 s’affiche à 42000 $. A titre de comparaison : 27000 $ pour un F-16, 25000 $ pour un A-10C, 30000 $ pour un F/A-18E/F, 40000$ pour un Av-8B. Cela peut paraître bien peu en comparaison des 95000 $ pour les RC-135, 120000 $ pour les E-8C Jstars ou 372000 $ pour les E-4B.
La formation des pilotes de F-35A dépend de leur expérience. Pour un ex-pilote de F-16, elle consiste en 6 semaines de cours, 36 séances de simulateur et 26 vols réels. Pour des pilotes “ab initio”, il faut compter 7 mois et demi, comprenant 37 vols et 44 séances de simulateur. La formation s’effectue aux Etats-Unis, obligeant les pays acquéreurs à stationner de manière permanente une partie de leurs F-35A sur la base aérienne de Luke en Arizona.

F-15 (Boeing), F-16 (Lockheed Martin) et F-18 (Boeing) toujours dans la course



Gripen (Saab) et Typhoon (Eurofighter) : les rivaux européens


Espoir de reconquête pour la Russie




Les grandes ambitions de la Chine



La Turquie accélère ses projets nationaux

La Corée profite de l’appui des Etats-Unis
En avril 2021, Korea Aerospace Industries dévoile son KF-21 “Boramae” dont la cellule s’inspire du Lockheed Martin F-22 Raptor. 10 points d’emports devraient lui permettre l’usage de missiles Meteor, IRIS-T ou Sidewinder. L’Indonésie finance à hauteur de 20% les coûts de développement du programme.
Deux réacteurs General Electric F-414 d’origine américaine motorisent le KF-21 dont la masse à vide est de 11,8 tonnes. La plupart des équipements internes sont de fabrication locale (Hanwha Systems) : radar AESA, IRST, liaison de données, affichages cockpit.

2ème partie : les prospects
MALAISIE (18 appareils ?) : remplacement des Mig-29 (Site Internet officiel : Rafale for Malaysia)
Que dire de ce petit état d’Asie du sud-est ? 900 millions d’euros de budget de la défense par an et 18 appareils en appel d’offre … La Malaisie ambitionne de remplacer sa flotte de 18 Mig-29 N entrés en service en 1995 (dont 2 biplaces). Une dizaine resteraient en service en 2018.
A noter que la Malaisie utilise également 18 Sukhoi-30 MKM, ainsi que 8 F-18D et 13 BAe Hawk. Les 5 derniers Northrop F-5 ont été retirés du service en 2014.
@ suivre …

COLOMBIE (15 appareils et 9 en option ?) : un successeur pour les Kfir
En novembre 2019, divers articles de presse évoquent la proposition faite par la France d’un “Pack Rafale”. Lancé il y a 2 ans, l’appel d’offre était jusqu’à présent ciblé par Airbus avec son Typhoon, Saab avec le Gripen E/F, ainsi que Lockheed Martin et son F-16 Block 70. L’offre française portait sur 12 Rafale, incluant le financement et un transfert de technologie “ITAR free”. En conséquence, la transaction serait sans contrainte vis à vis des Etats-Unis.
Pour la Colombie, l’objectif consiste à remplacer les Kfir, vieillissants malgré une récente modernisation, orchestrée par Israel Aerospace Industrie. 21 appareils ont reçu de nouveaux réacteurs GE J-79 et un radar Elta System AESA en 2017. Selon l’avionneur, les Kfir C10 disposent d’une avionique proche des F-16 Block 52.
Vraisemblablement, Dassault Aviation semble avoir communiqué une nouvelle offre à la Colombie en mai 2021. Dans le même temps, les Etats-Unis approchent une nouvelle fois la Colombie en proposant une quinzaine de F-16C/D Block 50. Par ailleurs, courant 2022, Bogota semble également s’intéresser à quelques F-16 danois désormais remplacés par des F-35A.
En juin 2022, Dassault Aviation communique à Bogota une offre pour 15 Rafale neufs et une option pour 9 autres. Finalement, le 21 décembre 2022, le ministère colombien de la défense fait connaître sa préférence pour le Rafale F3-R, avec l’intention d’en commander 16 exemplaires. Vraisemblablement, le Rafale répond le mieux aux besoins colombiens face aux trois autres candidats. Finalement, début janvier 2023, Bogota admet ne pas être en capacité de financer le programme.
@ suivre …

UKRAINE (12 appareils ?) : des Rafale pour remplacer Su-27 et Mig-29
En mai 2020, le gouvernement de Kiev adopte le plan « Air Force Vision 2035 » afin de moderniser son aviation de combat. L’objectif semble d’ouvrir le marché aux industriels occidentaux. Ce plan de modernisation doit se dérouler en 2 temps. La première étape vise à acquérir 6 à 12 nouveaux avions de combat entre 2023 et 2025. Ceci afin de commencer des activités de test et d’évaluation opérationnelles. Puis, entre 2025 et 2030, il s’agira d’acquérir une trentaine d’avions supplémentaires.
En mars 2021, selon le site Internet Intelligence Online, le Rafale pourrait s’opposer au F-18 Super Hornet dans ce marché jusqu’à présent maîtrisé par l’industrie russe.
Cependant, en février 2022, la Russie envahie l’Ukraine. Face aux pertes de son aviation de chasse, son président, Volodymyr Zelensky demande l’aide de l’OTAN. Une coalition de pays européens semble alors pouvoir céder des F-16 à l’Ukraine. En effet, Pays-Bas, Danemark, Pologne et Belgique pourraient se séparer d’appareils. Dans l’attente de décisions, l’Ukraine adapte en urgence des missiles AGM-88 HARM, SCALP-EG et Storm Shadow sur ses Mig-29, Su-24 et Su-27.
En août 2023, les Etats-Unis approuvent l’envoi de F-16 à l’Ukraine par le Danemark et les Pays-Bas. Du moins, Washington donne des garanties officielles à Copenhague et Amsterdam, indiquant que le pays accélérera l’approbation de toutes les demandes de transfert de F-16 à l’Ukraine pour que Kiev reçoive des avions lorsque ses pilotes auront été formés. Au même moment, Volodymyr Zelensky annonce que “des pilotes ukrainiens participent déjà à des essais sur le Gripen”, et discute des mesures nécessaires pour les transférer en Ukraine. Les Pays-Bas et Danemark officialisent le transfert à l’Ukraine de F-16 le 20 août 2023 : 42 pour les Pays-Bas et 19 pour le Danemark. Les Etats-Unis assurent la formation des pilotes dès le mois de septembre.
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INDE (114 appareils) : appel d’offre MRFA (ou MMRCA 2.0)
Après avoir finalement mis un terme au programme MMRCA par l’acquisition de 36 Rafale “sur étagère” en 2015, l’Inde lance une nouvelle procédure en 2018 : MRFA. Ce programme (Multi-Role Fighter Aircraft) oppose le Lockheed Martin F-21 (sur une base de F-16), le SAAB Gripen, le Boeing F-15EX, l’Eurofighter Typhoon et le Rafale. Deux avions russes seraient également en lice : Su-35 et Mig-35.
Cet achat comprendrait une première tranche de 54 avions : 18 achetés à l’étranger et 36 fabriqués en Inde, sous la forme d’un partenariat labellisé “Make in India“.
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BENGLADESH (16 appareils) : des Rafale pour remplacer Mig-29 et Chengdu F-7
Depuis 2020, le Bengladesh semble s’intéresser au Rafale. En effet, ce voisin frontalier de l’Inde cherche un successeur à ses 8 Mig-29 biplaces et 36 Chengdu F-7. L’entrainement des pilotes s’effectue principalement sur 13 Yak-130; 15 Hongdu JL-8 et 7 Aero L-39.
Pour concrétiser ce programme, Dacca disposerait d’un budget d’environ 3 milliards de dollars.
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PEROU (14 appareils ?) : un successeur pour les Mirage 2000
En décembre 1982, le Pérou commande à la France 24 Mirage 2000 P et 2 Mirage 2000 DP pour l’entraînement. Cependant, en raison de difficultés économiques, Lima réduit sa commande. Actuellement, 10 Mirage 2000 P et 2 Mirage 2000 DP sont toujours en service au sein de l’Escuadron Aerea 411 “Hawk”.
En 2009, les Mirage 2000 font l’objet d’une modernisation afin de préserver leur potentiel.
La flotte aérienne péruvienne met essentiellement des matériels russes : hélicoptères Mi-24 et Mi-25 Hind, des avions de combat SU-20, SU-22, SU-25 ainsi que des MiG-29 Fulcrum, ces derniers ayant été acquis en 1996 auprès de la Biélorussie.
Durant le salon du Bourget 2019, une délégation péruvienne s’affichait aux côtés de Rafale … étudiant une succession au Mirage 2000 ?
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IRAK (14 appareils ?) : compléter la flotte de F-16C/D avec des Rafale d’ici 2026
Ce sont essentiellement des appareils soviétiques qui équipent l’Irak depuis la révolution du 14 juillet en 1958. La France équipera néanmoins Bagdad de 121 Mirage F1EQ/BQ entre 1981 et 1989.
En 2011, l’Irak commande 18 F-16C/D Block 52, puis 18 appareils supplémentaires en 2012. Lockheed Martin livre le premier appareil en juin 2014. Courant 2021, 34 F-16 seraient en service et stationnent sur la base irakienne de Balad Southeast et américaine de Tucson en Arizona.
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SERBIE (12 appareils ?) : des Rafale pour imiter la Croatie
Après la Première Guerre mondiale, se constitue progressivement un rassemblement de tous les Slaves du sud. Le royaume des Serbes, Croates et Slovènes est proclamé en 1918 et prend le nom de royaume de Yougoslavie en 1929. Suite à la Seconde Guerre mondiale, la Serbie devient une unité fédérée au sein de la république fédérative socialiste de Yougoslavie.
Cependant, la guerre civile éclate en 1991 et entraîne la dissolution progressive de la Yougoslavie. En 1995, les accords de paix de Dayton limitent les forces yougoslaves à 155 avions de combat et 53 hélicoptères d’attaque. En conséquence, l’armée retire du service la plupart des J-1 Jastreb, G-2 Galeb et Mig-21. Bon nombre d’appareils finissent au musée de l’aviation de Belgrade.
En 2006, la Serbie devient finalement totalement indépendante. A ce jour, la flotte serbe se compose d’une dizaine de Mig-29 de seconde main, provenant de Russie et Biélorussie. Une vingtaine de Soko G4 Super Galeb et une trentaine de Soko J22 Orao complètent celle-ci.
Le 11 avril 2022, Belgrade confirme son intention d’acquérir 12 Rafale neufs (F4), les négociations remontant à un an. Il semble également que le pays pourrait acquérir 12 autres appareils, cette fois-ci d’occasion, mais auprès d’un autre pays occidental.
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