Omnirole-Rafale.com a toujours eu pour vocation de promouvoir les métiers qui naviguent autour du Rafale. Aujourd’hui, la navigation est à l’honneur ! En effet, nous partageons avec vous notre rencontre avec avec le Lieutenant Kévin, Navigateur Officier Systèmes d’Armes (NOSA).
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis le lieutenant Kévin, ou Tsoin Tsoin pour mes collègues aviateurs, et suis Navigateur Officier Systèmes d’Armes (NOSA) sur Rafale au sein de l’escadron 1/4 Gascogne de Saint-Dizier.
Le Navigateur Opérationnel (NO) est un équipier apte à toute mission sur Rafale
Quel a été votre parcours pour arriver au poste de Navigateur Officier Systèmes d’Armes ?
Après l’obtention de mon bac scientifique, j’ai étudié une année en licence de mathématiques. J’ai arrêté mes études pour réaliser mon rêve et passer les tests de sélections Elève Officier Personnel Navigant (EOPN). J’ai intégré l’Armée de l’Air et de l’Espace et ai commencé ma formation d’élève navigateur en 2013 à l’âge de 19 ans.
Cette formation a débuté par ce qu’on appelle la Formation Militaire Initiale à Salon de Provence suite à laquelle j’ai intégré l’école de navigateur sur Cirrus SR22 pour un total de deux ans dans cette ville.
J’ai ensuite passé huit mois à Tours, à l’école de l’Aviation de Chasse où j’ai connu mes débuts sur Alpha Jet, premier avion de chasse auquel j’ai été confronté.
Les quatre mois suivants ont été dédiés à ma transformation opérationnelle sur Alpha Jet NG, notamment au travers d’une campagne de tirs air-sol à Cazaux.
J’ai finalement été muté à Saint-Dizier fin 2016, où j’ai commencé par intégrer l’Escadron de Transformation Rafale pour me familiariser à mon futur avion. J’ai officiellement intégré l’escadron 1/4 Gascogne courant 2017.
Cette formation a été en ce qui me concerne assez condensée mais a pu être plus longue pour certains de mes collègues.
J’assiste le pilote tactiquement, j’anticipe les actions à venir et je gère l’armement et la navigation
Comment se passent les sélections pour être navigateur Rafale ?
J’ai passé une première semaine de sélection des EOPN à Tours durant laquelle j’ai subit des tests psychotechniques, sportifs, psychologiques et durant laquelle j’ai également passé un entretien avec un personnel navigant.
Des test médicaux ont été réalisés à la suite de cette semaine.
La sélection a continué tout au long de mon apprentissage sur les avions de tourismes, avions de chasse et avions de combat.
Une fois arrivés en escadron de chasse, nous sommes en perpétuelle formation et passons par trois qualifications:
- Le Navigateur Opérationnel (NO) est un équipier apte à toute mission sur Rafale,
- Le sous-chef navigateur sait manager une patrouille de deux avions,
- Le chef-navigateur sait quant à lui manager une patrouille de quatre avions. J’ai obtenu cette qualification en 2021 après quatre ans passés en escadron de chasse. Je partirai dans quelques semaines pour un exercice interallié qui me qualifiera Mission Commander. Je pourrai alors être commandant de mission au sein d’une mission OTAN : MC Mission Commander.
Nous subissons pendant notre formation différents tests comme celui de la centrifugeuse
Navigateur a-t-il été votre choix premier ?
Oui. J’ai depuis tout petit été attiré par les avions de chasse. Navigateur sur Rafale a été pour moi la réalisation d’un rêve d’enfant.
Pouvez-vous nous expliquer votre rôle dans l’avion ?
J’assiste le pilote tactiquement, j’anticipe les actions à venir et je gère l’armement et la navigation. Les navigateurs permettent d’exécuter des missions dites complexes comme d’importantes Composed Air Opérations (COMAO). L’opération Poker, qui démontre en vol une capacité d’entrée en premier des forces aériennes stratégiques. Ou encore la mission Hamilton sont de bons exemples de l’importance du rôle du navigateur.
Quelles différences au niveau des équipements y a-t-il entre votre place et celle du pilote ?
Il n’y en a aucune. Nous avons accès aux mêmes écrans, mêmes boutons, mêmes fonctions multiples dans l’avion. C’est ce qui nous permet d’effectuer plusieurs actions en même temps en biplaces.
La seule particularité se situe au niveau de l’armement : le navigateur prépare cet armement qui sera ensuite délivré par le pilote car il est le seul à y être autorisé.
Chacun, pilote comme navigateur, gère son propre entrainement physique comme il le souhaite.
L’Armée de l’Air mène une active promotion de ses métiers (https://devenir-aviateur.fr/), que conseilleriez-vous à un jeune qui veut devenir pilote ou navigateur sur Rafale ?
Qu’il fonce ! Il y a tellement de fonctionnalités, de missions différentes, que même à deux personnes à bord c’est toujours l’humain qui limite la machine.
Et s’il a des questions, des doutes, qu’il n’hésite pas à venir nous rencontrer sur les meetings. Nous sommes toujours heureux de partager notre passion avec des jeunes qui sont souvent comme nous l’avons été il y a quelques années.
Le navigateur n’a pas la main sur le pilotage de l’avion. Comment se prépare-t-on aux différents facteurs de charge pendant le vol ? Le pilote vous prévient-il ?
Nous subissons pendant notre formation différents tests comme celui de la centrifugeuse. En Escadron de combat, en dehors des vols d’entrainement et de l’habitude il n’y a pas de réelle préparation. Quant au pilote, oui, il nous prévient, ou bien l’expérience nous fait savoir quand le physique sera plus sollicité, lors d’une interception à vue ou de travail de basse altitude par exemple.
Quel est le rôle du NOSA lors des démos Vautour Bravo ou Requin Mike ?
Le rôle d’un NOSA lors de ces démonstrations est techniquement assez limité, puisqu’il s’agit avant tout de pilotage pur. Mais nous aidons le pilote à se repérer dans l’espace, au cap à prendre avec guidage à la voix si nécessaire. Nous sommes également là pour l’aider en cas de panne mineur au cours de la démonstration.
Nous avons cependant un grand rôle de promotion du rôle de navigateur en meeting auprès des spectateurs.
L’entrainement physique de Navigateur Officier Systèmes d’Armes est-il le même que pour les pilotes ?
Chacun, pilote comme navigateur, gère son propre entrainement physique comme il le souhaite. Cela dit, l’exigence physique est supérieure pour un navigateur qui n’a pas d’anticipation sur les manœuvres brusques.
En vol on voit de tout et on vit des choses incroyables. Quel est votre plus beau souvenir ?
C’est assez difficile de choisir, nous vivons tellement de beaux moments !
Je me souviens d’un vol pendant ma première opération extérieure. Mon pilote et moi volions depuis déjà quelques semaines ensemble et nous avons été appelé sur une situation au sol compliquée. J’apprécie particulièrement ce pilote, et j’ai lors de ce vol vraiment senti l’osmose si importante dans un Rafale biplace. Nous n’avions plus besoin de parler pour travailler au même tempo et nous rendre encore plus efficaces que simplement deux personnes travaillant dans le même avion.
Notre site et notre groupe Facebook attire tous les jours de plus en plus de fans du Rafale qui viennent du monde entier. Comment expliquez-vous cela ?
Le Rafale est un avion qui a été exporté dans différents pays. Il a fait parlé et continue de faire parler de part ses diverses qualités. C’est notamment grâce au fait qu’il soit omnirole et désormais international. Cela le rend interopérable et donc participe à sa popularité.
Un dernier mot pour notre site internet ?
Merci pour l’intérêt que vous portez à l’Armée de l’Air et de l’Espace, au Rafale, et en l’occurrence aux navigateurs en particulier. Et pour ma part, j’espère à bientôt en meeting !
Merci beaucoup pour votre temps !
Remerciements
Nous remercions chaleureusement le Commandant Paule ainsi que le Lieutenant Kévin pour leurs disponibilités et pour nous avoir permis de découvrir leur métier.
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2 thoughts to “NOSA sur Rafale”
si le pilote décède dans un affrontement, le navigateur, a-t-il la capacité de piloter et ramener l’avion à bon port ???
Les cabines sont identiques, donc oui, c’est possible. Tout dépendra des qualifications de la personne en place arrière (navigateur ou pilote instructeur, d’ailleurs).